Week-end de merde
Un de plus…
J’ai commencé mon week-end vendredi à 17h29 parce que bon, y’en a marre: la pluie tombe tombe tous les soirs à 17h35 et l’autre jour, j’ai cherché la bagnole pendant 10 minutes sur le parking sous la pluie et j’ai attrapé la mort, j’ai même éternué sur le pare-brise. Après un rapide passage au bar à colons pour faire la bise aux serveuses, j’ai regagné mon logis afin de prendre connaissance des dernières doléances de mes gens de maison qui commencent à me faire
chier avec leur prétentions salariales qui partent dans tous les sens. J’ai filé un paquet de clopes à tout le monde en leur disant que ça ira pour ce soir.
Tranquillement installé dans le canapé en train de prendre les dernières nouvelles de la vie quotidienne de Mayotte, j’ai été brusquement bombardé par de nombreux SMS…c’est vendredi soir…bon, allez plou-plouf, tiens on va prendre celle qui a des lunettes. `
Repas Armageddon, dans un chouette resto où le patron avait tué son employé à coups de bâton y’a quelques mois, visiblement ça a été repris en main par une vieille blonde sympa. Donc, vas-y pour l’Armageddon: steak tartare avec œuf cru pour moi et porc à l’ail pour elle. Encore une chiée de merde d’orage à la fin du repas, on rentre à 10km à
l’heure, pas de courant à la maison, tant mieux, ça fera romantique. Je lui sers un Fanta et je merde en lui versant la moitié sur le pantalon, je lui essuie la cuisse et bon, c’est parti…
Le matin, mon vigile a entrepris d’apprendre le base-ball avec une boule de pétanque où je sais pas quoi, bref à 7h30 il est train de faire le con dans le jardin avec un bâton, putain mais c’est pas possible, je vais jamais pouvoir faire la grasse matinée ici…Je me lève en faisant gaffe de pas écraser la fille et je me retrouve en slip dans le salon avec ma bonne assise en sueur sur une chaise. Elle me dit qu’elle est malade, ça tombe bien, je suis médecin. Je lui file des cachets qui trainent en lui disant qu’elle mette tout ça dans un verre d’eau et quand ça fait plus « pshittt », elle le boit. Je vais me faire un café, mais y’a plus de café alors j’envoie le vigile faire les courses, tu finiras ton bazar bruyant plus tard, il comprend rien à ce que je lui dis, alors je lui demande d’aller acheter des cigarettes au sans-jambe d’en face.
La fille sort de la chambre nappée dans le drap comme dans une série de France 2 et je me rends compte que je me souviens même plus de son prénom.
Bon, chérie, ce matin, au petit-déjeuner, y’a des biscuits de Dubaï et du Fanta parce que j’ai essayé de faire une omelette mais le troisième œuf cassé c’était tout vert et ça sentait la mort alors j’ai tout jeté en me retenant de vomir.
Elle veut du thé.
Du thé.
Non, j’ai pas du thé, j’ai rien, j’ai du Fanta alors je lui propose d’aller en ville pour prendre un petit-déj mais elle doit aller prier, parfait, va prier.
Je me barre en ville et je vais prendre un café dans un machin à soldats, les types qui ont passé la nuit en boîte et qui bouffent des hamburgers à 8h du matin avec de la bière en pétant.
Et encore une rafale de SMS…
Il est même pas 9h et je me fais déjà chier…
Je vais aller faire des courses, tiens. Ca c’est sympa d’aller faire des courses, ça change les idées. Je prends la dernière boîte de raviolis hallal de marque El-Beshir, putain je dois être le seul client de ces trucs mais le patron me signale qu’il a reçu du fromage de France et il me montre un superbe kraft plastique de roquefort Société avec le fromage qui était MARRON et qu’il me le faisait à 15$…. « En France, les vrais amateurs le mangent comme ça« , me dit-il.
Je lui explique que c’est juste une légère rupture de la chaîne du froid, genre le fromage il a passé trois jours sur le tarmac à Nairobi. Je me barre avec du cheddar en boîte, c’est immonde mais c’est safe. J’ai peur de rentrer chez moi à l’impromptu parce que la dernière fois, j’avais trouvé mon jardinier tout nu en train de gambader dans le salon
avec mon gel douche donc je passe en klaxonnant et je vais faire le tour 300m plus loin. Je le soupçonne d’ailleurs d’être un peu pédé: il est super-smart la journée, et quand il arrive, il se fout nu sous sa blouse pour tailler les haies. Bon, il tente sa chance, et puis comme y’a plein de blancs pédés, c’est pas un mauvais pari. Bon, le mec il insiste, mais avant d’être pédé, il est jardinier. Il a dû comprendre que je préférais les filles mais comme je suis un con de blanc, autant, je peux être bisexuel.
Samedi soir, c’était une soirée avec des collègues, c’était nul, la bouffe était dégueulasse et le pinard infame. Et ils m’ont forcé à danser sur du zouk de merde, bref, j’étais bien content d’arriver au couvre-feu mais j’ai dû faire le taxi et ça me fait chier.
Dimanche matin, le courant est parti quand j’ai appuyé sur le « on » de la cafetière, c’est le signe d’un bon dimanche de merde qui n’est que la suite du samedi pourri. J’avais encore pleins de SMS et j’ai été voir la fille soldat avec son M16 pendant que la fille à lunettes essayait de me vendre des pagnes et d’autres conneries par SMS, ouais vas-y, vends-moi
des pagnes à la con, ça fera des heureux en Europe et ça fera vivre une famille ici pendant un mois.
Je discute cinq minutes avec la fille soldat mais c’est vraiment le niveau zéro de discussion. J’ai connu des caissières de supermarché en Europe qui avaient plus de discussion mais bon, elle est bonne… Mais c’est vraiment trop la zone son coin, avec des barbelés et des mendiants, déjà la semaine j’aime pas trop y aller alors le dimanche…
Je quitte le rade et la caissière me courre après pour que je la ramène en ville mais je décline parce que leur truc c’est juste de monter dans la voiture pour me tripoter les parties en échange d’argent, dégage.
J’arrive pas à reculer parce que y’a des gamins qui sont derrière la voiture pour se faire heurter et hurler à la mort après, je jette un billet par la fenêtre et tous les morveux vont se battre pendant que j’arrive à manœuvrer et me tirer de la zone.
A croire que je suis pas le seul à me faire chier le dimanche puisque y’avait une vingtaine de types à regarder un handicapé qui était tombé dans un fossé plein de boue avec sa voiture à roulette. Je ralentis pour regarder ce qui se passe et y’a un des types qui tente de me rendre responsable de l’accident qui s’est passé cinq minutes avant… Ces gens n’ont peur de rien…
J’ai besoin de me nourrir. Je m’arrête dans le bar à colons, c’est plein de touristes, c’est plein de gens qui ont acheté un billet d’avion pour venir ici, des dingues, c’est pas possible. Je commande une merde à bouffer et je suis à deux doigts de commander la serveuse avec tellement je me fais chier mais j’ai déjà trop de problèmes d’agenda.
Dimanche soir.
Après une bonne sieste réparatrice, je prends connaissance des sept SMS, c’est dimanche soir, c’est la fête. Au milieu des « cheri je t’m » et des « tu me mank« , je trouve un message d’une fille qui sortait avec un vague pote à moi. Je l’appelle, elle est en pleurs, elle a cassé avec machin, elle veut me parler. Bon plan, en plus, elle, elle a de la conversation et des seins énormes. Elle arrive en retard, c’est normal, elle me dit que machin était un gros con et qu’il était parti avec une fille qui avait des gros seins, bon, visiblement on est plusieurs sur le trip gros seins en ce moment, je la console en lui disant que le physique c’est pas important tout en matant ses gros seins, j’étais super crédible, ça
faisait peine à voir. Mais bon, elle a de la conversation, on a parlé de la grippe aviaire, de la famine en bouffant un excellent carpaccio de bœuf avec des copeaux de parmesan, je lui fous la main sur la cuisse à plusieurs reprises durant le repas, c’est trop top le rôle du copain qui arrange les problèmes. Je la jette dans son quartier parce que faut pas
faire le clown le premier soir et de toutes façons, j’ai mal digéré la merde d’à midi.
Bon, vivement lundi..