Insectes cons
Criquets de merde et anti-brouillard.
Ce qu’il y’a de chouette en Afrique, c’est qu’on n’est jamais à court de mauvaises nouvelles.
Visiblement, la saison des pluies s’est finie en beauté avec des déluges apocalyptiques mais cela fait maintenant quelques jours qu’il ne pleut plus.
Akuna pluie, akuna récoltes donc pas akuna matata…
Bon, de toutes façons, ça avait déjà spéculé ici et le prix de la matière première pour la bouffe avait déjà pris 20%. La première crise alimentaire a eu lieu chez moi avec une tentative de putsch de ma bonne sur la ration quotidienne des vigiles qui a été ramené d’un plat de haricot avec du riz à rien du tout.
J’ai tenté d’intervenir en signalant que si tout le monde se rendait compte de l’augmentation du prix du haricot, c’est que j’avais filé du pognon pour acheter du haricot et que passer de « rien à bouffer » à « plus à bouffer », en fait, c’était la même chose. Mes problèmes ont commencé quand j’ai filé de l’argent en fait: donne à manger à Bertrand, il te le rends en caguant.
Bon, j’ai suggéré à tout le monde de prier Jésus en attendant que je trouve une putain de solution mais je ne puis porter la misère du monde au bout de mes petits bras frêles et qu’ils commencent tous à me casser les couilles.
D’autant plus que depuis la fin de la saison de pluie, on assiste à une espèce d’invasion de criquets de merde. Je sais pas d’où viennent ces trucs tout laids, ils sont verts, jaunes, marrons, noirs, mais ils sont particulièrement cons et ils te sautent à la gueule. Alors, y’en a partout: sur ma porte, dans ma voiture, dans ma cuisine, dans mon lit. Les derniers insectes aussi cons que j’avais vu, c’était en décembre dernier, c’était des espèces de gros bourdons qui se suicidaient dans la lampe au dessus de la table du restaurant et qui tombaient dans ton assiette.
A part ça, j’ai aidé la fille à déménager, on a traversé la ville dans mon carrosse avec sa valise dans le coffre mais fallait faire attention à pas casser les verres à cause des bosses. On est arrivé dans son nouveau quartier et j’ai niqué mon feu arrière antibrouillard dans un trou énorme sous le regard des gosses tout nus qui n’avaient pas vu un blanc depuis au moins trois mois. C’est une rue calme et tranquille et j’ai du faire 500m pour pouvoir trouver un endroit pour faire demi-tour, et encore, j’ai écrasé un tas de poubelles et un chien mort.
Son nouveau deux-pièces était magnifique: je ne sais pas quel animal s’était occupé de la peinture mais je pense que c’était un gibbon. Trois minutes de visite du palace avait suffit pour que j’ai douze gosses autour de la voiture en train de voir ce qui pouvait s’arracher facilement mais je suis arrivé en hurlant car aucun n’était armé et toute la marmaille a déguerpi en rigolant.
La nuit tombait donc il m’a semblé plus prudent de déguerpir du quartier avant la compétition nocturne de lancé de grenades alors je suis retourné chez moi et après avoir réussi à ouvrir la porte sous des nuées de criquets de merde, j’ai donné une boite de raviolis froids à mon vigile.
Vivement dimanche prochain, tiens.
J’aime bien le dimanche parce que j’attends le lundi et ça fait du bien
quand ça s’arrête.