Générateur

La main gauche de moi-même dans la gueule d’un gosse.

J’ai pris la décision d’acheter un générateur.

Ca m’a pris ce matin en me levant et en ouvrant mon frigo qui sentait la mort.

Je suis parti avec un chauffeur indigène explorer les boutiques de merdes d’électronique agréés JVC et Sony de mon cul du centre-ville.

C’est pas une boutique en fait, c’est en fait une sorte de grand bazar en forme de duty-free avec des tas de gens qui regardent des trucs qu’ils ne pourront jamais se payer. Un cybersouk.

Moi, je voulais le générateur à 2,4 Kva pour brancher le frigo, la lumière et la télé pour regarder le foot et Pujadas.

Le vendeur à la con est venu me dire que c’était 650$ alors je lui ai dis que j’étais pas venu pour me faire insulter alors que je voulais avoir un autre vendeur. Il s’est excusé et il m’a dit que le type avec qui j’étais, le chauffeur indigène, c’était son frère et qu’il lui avait sauvé la vie en 2002 alors que comme j’étais l’ami de son frère, il me le faisait à 580$.
C’est classique, ça, le coup du « mon ami, mon frère », mais j’étais pas son ami ni son frère et que je le connaissais pas 20 minutes avant. Je lui ai dit que je voulais un autre vendeur.
Il m’a dit que vraiment il ne pouvait rien faire de plus alors je lui ai dit que c’était vraiment un connard parce que hier, j’avais une collègue (patiente) qui avait passé une heure et demi à négocier et qu’elle avait eu le bazar à 500$ donc que je prenais le bazar à 500$ alors qu’il allait me l’emballer et me le mettre dans le coffre de la voiture.
Il m’a dit qu’il fallait qu’il demande au patron, une espèce de playboy hindou qui parle même pas français et le patron a commencé à gueuler contre le vendeur en swahili, je comprenais rien mais je leur ai dit que si y’avait pas le bazar dans mon coffre dans DEUX MINUTES, j’irais foutre le même bordel dans le bazar de merde de Panasonic d’à côté ou
ils vendent EXACTEMENT la même chose.
Bon, 150$ en 3 minutes, j’étais assez fier de mon coup, à tel point que j’ai oublié de filer un billet aux types qui ont transporté le merdier dans ma voiture.

Après, on est parti acheter le carburant et l’huile pour le merdier. Le chauffeur m’a dit que j’étais un super négociateur et je lui ai dis que cette merde valait 400$ mais que je payais 100$ de taxe de tête de blanc de merde.

Ah, le carburant, c’était l’expédition, parce que les pompistes ont remarqué que le réservoir faisait 15 litres et que donc, il fallait me le remplir à 14,99 litres et le type s’escrimait à balancer l’essence goutte par goutte pour gagner le maximum pendant qu’un type voulait me vendre des cravates, une femme me montrait son enfant malade plein de
pustules et un enfant des rues avait repéré que je mettais mon portefeuille dans la poche avant-gauche de mon jean et voulait absolument me serrer la main gauche pour me dire bonjour: j’ai senti sa main sur ma cuisse et il s’est pris ma main gauche dans la gueule comme j’avais jamais frappé un enfant: pas de bol, petit con, je suis gaucher.
Le pompiste l’a fini avec un coup de pied dans la tête. Après, il a fallu attendre que le type qui savait écrire revienne du
café pour pouvoir écrire la facture. J’en ai profité pour expliquer à une vieille conne qui m’insultait que le morveux avait le nez fracturé parce qu’il voulait me piquer mon argent pendant que le type des cravates était revenu avec des chaussettes et accompagné de son ami qui vendait des bibles.

On est revenu chez moi, j’ai failli gerber dans la bagnole à cause de l’odeur d’essence, et j’ai dit à mon vigile de nous aider à sortir le bazar du coffre en le prévenant que c’était lourd et il m’a dit « oui, ça va, merci patron » et il s’est pris le carton sur le pied et après il boitait, et après il est tombé avec le carton et il s’est cogné la tête contre le mur et il saignait de la tête.

Le chauffeur m’a proposé de faire un essai du truc mais j’ai estimé que l’on risquait de tous de se faire sauter et que j’allais faire cela tranquille demain.

Des fois, j’en ai marre en fait.