Marmotte
Je veux du FROMAGE
Je ne sais pas qui parmi vous a déjà vu « le jour de la marmotte », c’est film ou un type revit la même journée tous les jours. Bein, l’Afrique tropicale, c’est pareil.
Je revis tous les jours le même jour.
Le soleil se lève et se couche à la même heure, il fait toujours le même climat, mon boy a lavé la voiture, y’a toujours les mêmes gamins dehors avec le même t-shirt, le gros trou séculaire est toujours là, les connards de taxis-vélos aussi.
On va au même magasin, y’a les mêmes produits et les mêmes rayons vides mais « ça arrive demain ». Le même mendiant barbu vient baver sur la voiture pour avoir un billet et le même « akuna dollars » sort de ma bouche.
On va au restaurant manger du poisson, y’a un choix énorme: le mukeke ou le sangala, on va prendre le mukeke mais comme d’habitude y’en a pas alors on va manger le sangala. Au carrefour du quartier musulman, y’a un cadavre de chien, bon c’est pas le même tous les jours mais ça reste un chien et les mêmes camions tanzaniens débarquent vers le port avec le même pot d’échappement qui balance une fumée noire qui pue.
Dans le ciel, on voit l’avion de Kenya Airways qui comme à l’habitude, a décollé en retard.
On allume la radio et y’a « Nakupenda Wewe » puis du zouk, comme d’habitude sauf le week-end.
Dès lors, le moindre petit accroc dans cette vie devient un plaisir à consommer sans modération: par exemple, un accident de voiture avec des types qui s’engueulent, ça peut durer une heure (le temps que la police arrive en courant). Ca fait toujours une heure de prise. Un hippopotame protégé a été tué par des gens qui ont faim: c’est l’occasion de faire le tour des restos pour savoir où ils ont vendu le solde car c’est l’occasion de changer du mukela ou du sankeke.
Un camion réfrigéré a été vu en ville ! Il s’agit peut-être de FROMAGE ! Mais bon.
La nuit arrive à la même heure, et si on n’a pas envie de la passer seule, on va au même bar à putes où l’on retrouve globalement les mêmes putes (minus celles qui sont mortes du SIDA). Finalement, on se rabat sur une étudiante, c’est moins risqué qu’une pute et on partage une bière locale ou l’unique bière étrangère parce que l’autre, y’en a plus.
Et pourtant. Et pourtant, je continue à croiser des espèces de hippies venues de je ne sais où qui se baladent dans la rue avec un petit sac à dos (c’est l’idéal au niveau sécurité) et qui s’extasient devant la moindre merde sculptée. Sauf que eux, le jour de la marmotte va s’arrêter le jour où ils vont décoller (en retard) avec Kenya Airways…