Jeunesse

La drogue et les beignets forment la jeunesse

Mon boy est formidable. Il se nomme Abel. Il doit avoir une vingtaine d’années, il ne parle pas français, je ne parle pas sa langue. Il fait le ménage, la vaisselle, le jardin, pas la cuisine. Il travaille 7 jours sur 7, de 6h à 21h30 à peu près. Il n’a pas de congés payés ni de congés maladie, aucune protection sociale et je lui donne deux dollars par jour. Et il est content. Quand je ne suis pas là, des fois, il regarde le foot anglais sur Supersport et il doit se taper un peu de vin ou de bière sur mon dos. Mais il est content. Il est content parce qu’un prof gagne 45 dollars par mois, un médecin
doit arriver à 55 dollars. Il gagne plus en récurant mon slip qu’en faisant une opération. Qu’est ce que cette jeunesse va s’emmerder à étudier la médecine ou la comptabilité alors qu’on gagne plus en passant la brosse à chiottes chez les blancs? Il a même réussi à sous-traiter l’enlèvement des ordures et la partie compliquée du jardinage à deux
types, en fait, c’est un businessman mon boy. Si ça se trouve, il arrive même à épargner. C’est important d’épargner car au bout d’un moment, on a assez d’argent pour corrompre un type dans une ambassade pour un visa Schengen mais ce sont plutôt les filles qui épargnent. Elles ont besoin de moins d’argent car elles peuvent coucher avec le type de
l’ambassade pour avoir un visa pour aller faire pute en Europe ce qui est quand même plus rentable. J’avais rencontré une pute dans un commissariat une fois, en fait, c’était une pute à un dollar la passe et fallait baiser en présence de son petit frère dont elle avait la garde parce que ses parent étaient morts de mort violente. Bon, c’était une pute des quartiers, pas une pute de la ville avec des minijupes. Non, une pute des quartiers, vaguement majeure, qui sentait pas bon et qui était moche mais elle aussi, elle épargnait. En effet, chaque soir, après six ou sept passes elle finissait par se faire arrêter par la police et il fallait payer l’amende. Elle devait faire 90 voir 100 dollars par mois brut, net retranché des amendes, elle devait gagner autant qu’un gynécologue ou un prof d’université.
Il y a quand même des gens qui réussissent bien leur vie: les putes, les boys et les garçons débrouillards: à 200 mètres de chez moi, il y a une maison formidable, avec des balcons, et des palmiers, elle appartient à un ex-Tony Montana qui a eu la chance de pouvoir gagner assez d’argent en vendant de la drogue pour pouvoir faire construire plusieurs maisons, dont une pour lui et louer les autres. Maintenant, il gagne sa vie honnêtement, il est rentier à trente ans grâce à la drogue. Il aurait pu aussi être fonctionnaire de l’état s’il avait étudié la comptabilité et s’il était militant du parti au pouvoir. Et le docteur Pantouflestein qui nous assénait qu’il n’y a pas de drogués heureux…, il y a en tous les cas des drogués qui rendent les gens heureux.
Reste le jeu mais à qui faire croire que l’on va gagner trois sous en misant un sou ? Et puis autant tuer le patron du tripot et se barrer avec la caisse que de perdre son temps à mettre des jetons dans des machines truquées. Autant faire pute même si on est moche et sale et que le petit frère joue avec un cafard pendant le rapport charnel.
Boy, pute, trafiquant de drogue, changeur d’argent au noir, voila des métiers d’avenirs pour une jeunesse traumatisée par la fin des conflits ethniques qui leur permettaient de devenir enfant soldat à 8 ans.
Oh bien-sûr, il reste quelques jeunes dans les universités car il faut quand même quelques ministres pour gérer tout ce bazar et ceux qui ratent leurs examens, ils iront vendre des beignets rances ou des arachides aux carrefours.

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