Hexagone – tome 3
Jambo bwana
Je me suis dit qu’avec tout mon passif, je me devais d’aller faire un tour à la CAF mais la CAF, c’est loin et j’avais pas envie de faire deux heures de bagnole pour aller voir une énième femme conne.
Alors, j’ai demandé à la CAF où et quand était la permanence de la CAF de que je pouvais y’aller à pied.
Je me suis habillé de façon convenable pour aller à la CAF, c’est à dire que je me suis déguisé en clodo avec des pompes de chantier immondes qui n’auraient pas passé le test des tapis anti grippe aviaire à Heathrow, un jean sale et un t-shirt immonde d’une ONG à la con avec un truc sur le SIDA.
Comme je me suis arrêté au PMU pour boire deux cafés pour aussi avoir une haleine de chacal, je suis arrivé à la permanence de la CAF et y’avait déjà plein de monde. En fait, j’étais le seul leucoderme et les autres, c’était des allogènes en famille.
Ah merde, fait chier parce que ça rassemblait à l’accueil d’un camp de réfugiés le jour où ils donnent les bâches et qu’à vue de nez j’en avais au moins pour deux heures à attendre et que en plus ça faisait 10 minutes que j’étais assis comme un con dans mon coin mais j’avais pas vu que fallait prendre un ticket…
Bon, bein quand j’ai vu le n° du ticket et le n° affiché au compteur…
Et puis en plus y’avait un petit gosse tout noir qui s’était foutu devant moi et qui me fixait et je me faisais chier en lisant un prospectus de la CAF.
Au bout de 30 minutes, j’ai essayé de baver trois mots de swahili à mon voisin qui avait une tête de Congolais histoire de briser la glace mais c’était un Malien alors il ne comprenait pas le swahili et puis de toutes façons, même les swahilliphones ne comprennent pas mon swahili.
Il était pas rigolo mon voisin malien et il voulait pas parler avec moi, mais bon en fait, moi non plus, mais j’avais déjà lu trois fois le prospectus de la CAF et je commençais vraiment à me faire chier.
Y’avait des tas de gens qui étaient entrés entre temps et j’essayais de voir à qui je pouvais filer mon ticket parce que je pouvais plus rester à me faire chier dans ce bazar où tout le monde me regardait comme si j’étais une taupe de l’Etat en fait.
J’ai filé mon ticket à une vieille noire, ah merde pardon, à une dame âgée de couleur, qui tremblait et je me suis cassé au PMU.
Et bé, c’est dur la vie d’un étranger dans son propre pays…
Bon, d’un autre côté, la CAF, c’est comme le Brie, c’est français, y’en a pas au Mali des CAF.
Du Camembert non plus d’ailleurs.
Bon, je suppute que la CAF doit bien avoir un serveur vocal ou un site internet et que en fait, quelque soit l’administration, ils demandent toujours les mêmes papiers et que tous les papiers roulés en boule qui viennent d’Afrique, ils en veulent pas, c’est dommage parce que trouver là-bas un fonctionnaire qui te certifie sur papier officiel que tu as sept enfants à ta charge, c’est facile et ça doit couter dans les 50 dollars, le même prix qu’un permis de conduire ou qu’un passeport ougandais.
Chier, quel con je suis en fait, moi j’ai ramené que des conneries de merde tribales en bois…