Sinistrose

ndlr: c’est un vieux truc écrit en janvier, ça rentre pas dans la chronologie.


Cet après-midi au boulot, y’avait pas de réseau parce qu’un chiotte s’était ouvert et le contenu avait coulé dans le cabanon à câbles alors je me faisais chier alors j’ai appelé des copines et j’avais planifié d’aller au resto puis chez moi pour le dernier verre puis après de la sauter et de lui payer le taxi avant le couvre-feu. Une soirée normale en quelque
sorte. Je suis parti à 17h30 car j’étais invité au vin d’honneur du mariage d’un de mes employés. C’était dehors dans une espèce de parc avec pleins de gens très bien habillés et très noirs sauf moi avec un t-shirt débile et très blanc. Autant dire que ma présence n’est pas passée inaperçue. Je mate un peu les filles en sirotant un Fanta citron chaud et voilà t’y pas qu’il pleut. Excellente nouvelle car y’a rien de plus chiant qu’un mariage africain, on est tous en cercle sur des chaises en plastique et personne ne parle. Le photographe officiel m’ayant pris en photo, je pouvais me barrer tranquillement. Voila t’y pas que j’arrive sur le parking et que je constate qu’un connard s’est garé devant moi et me
bloque complétement. Chier ! Je vais voir un policier en lui demandant c’est quoi ce bordel et je fais quoi, le type ne parlait pas le français alors il appelle son chef qui me dit qu’il faut attendre. Bein tiens, j’ai un rencard avec une fille, il pleut, j’ai envie de chier (c’est le Fanta chaud, c’est terrible) et j’ai faim et faut que j’attende ?!? Je rentre dans la voiture en meuglant et j’écoute le journal du Moyen-Orient sur RFI. Y’a un type qui frappe à la fenêtre et qui me fait sursauter ce con! Il m’a dit que la voiture appartient à Robert. Merci pouilleux, me voilà bien avancé: y’a 600 types là-dedans et j’en connais pas un seul mais il faut que je demande Robert ?!? Je lui file un billet et lui dis d’aller chercher Robert. Et moins de trente minutes après, le type revient avec ce putain de Robert qui s’excuse et qui en profite pour vomir sa Amstel chaude (c’est comme le Fanta mais par le haut). Le pouilleux revient vers moi et me demande un lift pour rentrer chez lui. Je pouvais difficilement lui refuser alors j’embarque le type dans ma Prado et sur le chemin il arrête pas de parler et de tripoter tous les boutons de la CB et je dois lui dire gentiment d’arrêter. Ca va faire un quart d’heure qu’on roule sous la pluie et on n’est pas arrivé chez lui et on s’éloigne furieusement du centre-ville alors je lui demande un peu sèchement s’il habite au Rwanda. On arrive enfin dans sa putain de rue toute cabossée avec des mendiants, des taxi-vélos, des chèvres, des putes, des marmites de bouffe immonde qui fument. Je m’arrête devant sa hutte et j’ai trente gamins autour de moi et impossible de reculer mais il me dit que si je prends la première à droite puis la troisième à gauche je retombe sur le boulevard. Je continue mon chemin à 10h à l’heure dans le camp de refugiés et bien-sûr je me plante et j’erre dans les quartiers pourris en sachant que si je m’arrête pour demander mon chemin, au mieux on m’égorge, au pire on me pique l’extincteur et on me viole les fesses. Après 20 minutes à tourner en rond je vois au loin la lumière des lampadaires du boulevard. Ouf. Il est temps d’appeler mon coup du soir pour lui dire que je suis désolé pour le léger retard (45 minutes) mais que j’arrive tout de suite. Et je trouve pas mon téléphone. Bon, c’est pas grave je fonce au resto on verra après.
Je me gare devant et je fouille partout dans la bagnole, il était tombé sous le siège, j’avais 7 appels en absence et 3 SMS. Je rentre dans le resto et je cherche la fille. Y’a un serveur qui arrive en rigolant en me disant qu’elle est partie avec un autre type mais qu’elle avait pas payé la note. Le dernier SMS, c’était « Tu n’é k1 sale con menteur kom tous les
blancs ». Bon. Visiblement, c’était râpé. Je rentre chez moi et là, y’avais pas de courant… J’attends un peu en chattant dans le noir sur internet.
Toujours rien à 21h. Je pars donc dans le snack à colons. C’est toujours aussi chouette là-bas. Derrière moi, y’avait un vieux Belge qui ressassait sans cesse (joli ça, d’ailleurs) « regardez ce qu’ils ont fait de notre beau Congo…alalah » en bavant dans sa bière et en te racontant Kinshasa en 1969. Devant moi, y’avait des collègues qui se faisaient chier à
plusieurs et qui m’ont invité à partager leur soirée de merde mais j’ai décliné en prétextant que je t’attendais quelqu’un. Et au fond y’avait des Libanais qui parlaient très forts en fumant leur pipe à eau et qui mettaient des mains au cul des serveuses qui sautillaient en rigolant. Après 15 minutes, on daigne enfin me servir et là surprise, c’était une
fille que j’avais vaguement sauté y’a quelques mois et qui venait d’être engagée dans le snack à colons. Et bein pour une bonne soirée de merde, c’était le bouquet de la cerise sur le gâteau. « Bonsoir, voulez koi ? –
Euh, ça va ? – Oui, voulez koi ? – Un hamburger et un verre de vin, s’il vous plait, mademoiselle
« .
Il valait mieux en rire, j’ai regardé le lac où un bateau de pêcheurs partait pêcher de nuit et faire du trafic d’armes
(parce que c’est plus rentable que de pêcher des sangalas de merde). La fille est revenue en balançant l’assiette sur la table et en faisant claquer le verre de rouge. Tout le monde s’est retourné vers moi et je ramassais les frites tombées dans la flaque de vin rouge en regardant les autres avec un sourire bête. Bon, fallait pas trainer, je me rappelais
qu’une fois j’avais failli me faire tirer dessus sur le parking de ce bazar à cause d’un mari jaloux dont j’avais même pas touché la femme d’ailleurs alors je suis rentré en payant le festin directement au patron.
Toujours pas de jus à la maison, je me suis couché et vers 3h du matin j’ai eu très soif, alors j’ai été prendre un Fanta citron en me cognant partout (plus de batteries dans la lampe) et j’ai repris un autre Fanta citron 10 minutes après mais j’avais pas vu que le verre était déjà rempli de fourmis… Vers 5h30, y’a eu un gros boum dans le jardin, genre un
corps qui choient lourdement, dans la nuit j’aperçois une forme allongée par terre, au bout d’un moment j’entends des ronflements, mon vigile était tombé de sa chaise en dormant. Après, y’a eu le muezzin et après y’a un sorcier métamorphosé en chaton qui est venu miauler devant ma fenêtre. C’était donc une bonne soirée de merde, y’a des indices qui ne trompent pas.

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